Avant, il y eu le temps des guerrières, des femmes amazones. Elles étaient cordées, sanglées dans des armures de chanvre et de boyaux improbables, femmes utérines, bondage ombilicale. C’était le temps de la guerre.
Puis vint le temps de l’approche. Les rencontres des corps passaient par des tamis, des parois qui en témoignaient l’approche conflictuelle et incertaine. C’était le temps de Sisyphes portant leur histoire comme enclume, lestés de lourds passés symboliques.
Puis vint le temps de l’amour et de la paix ou peut être l’inverse, de la paix et de l’amour.
Patrick di Maria arpente ces corps désirants en attente, ces corps souvent perdus et en recherche d’une circonstance, en errance d’une évidence ou parfois traversés d’un élan magique comme une danse. Il fait cela depuis de nombreuses années avec la pâte, la toile et ses mains comme boussole. Se gardant bien de s’en faire le géomètre, il nous raconte plutôt des doutes et met en lumière de fugaces moments ou cela serait peut-être ça : le vivant.
Patrick di Maria malaxe le corps vivant, en extrait des danses sacrales, des ermites au soleil de l’exode, des lecteurs solitaires. Mais qu’ils soient danseurs d’apesanteur ou mendiants, robustes ou décharnés, ils déclinent tous un dialogue avec un sol dont ils tentent de briser la gravité.
Le corps aimant sous ses formes variées, qu’il soit spirituel, maternel, désirant et lubrique sera toujours ce corps tendu vers une réponse qui n’a peut-être plus lieu d’être.
Les sculptures qu’il nous présente maintenant nous parlent d’avantage d’un apaisement et mettent à distance l’effroi qui longtemps les traversa.
Jean François Treillou